Écoanxiété, écoterrorisme
Entre consensus mous, utopies et actions violentes, pas simple de changer le monde.
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Une partie de la population dont une majorité de la jeune génération serait touchée par le syndrome de l’écoanxiété, c’est-à-dire une grande inquiétude vis-à-vis de l’avenir : irruption de pandémie, réchauffement climatique, déplacement de population… L’écoterrorisme, terme employé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour qualifier les manifestants de la mégabassine de Sainte-Soline, est sans doute un abus de langage, dans la mesure où il n’y a pas eu de morts. Mais comment qualifier ces black blocs qui ont blessé 60 policiers ? Comment appeler ces jeunes qui aspergent des œuvres d’art avec des produits alimentaires pour protester contre le réchauffement ? En bons écolos, j’espère au moins qu’ils utilisent de la soupe bio. C’est quand même paradoxal de saboter les systèmes d’irrigation pour ensuite arroser les tournesols de Van Gogh.
Alors l’écoanxiété justifie-t-elle l’écoactivisme ? Les grands pays se rencontrent régulièrement afin de discuter des moyens à mettre en œuvre pour un monde vivable et viable en 2050. Mais le système démocratique est-il le meilleur outil pour relever le challenge ? On sait que les électeurs voient d’abord leurs intérêts à court terme et préfèrent une amélioration immédiate de leur niveau de vie plutôt qu’une hypothétique baisse des températures dans trente ans. Donc, les gouvernements sont tentés d’adopter des consensus mous qui manquent d’ambition pour un réel effet rapide. Alors, interviennent ces militants radicaux qui, pour se faire entendre, organisent des actions médiatiques relayées par les réseaux sociaux. Il en est de même avec les antiviandes et L214. Les grandes avancées sociales sont, pour la plupart, nées dans la contestation, la grève, les actions violentes, voire sanglantes. Faudra-t-il en arriver là ? Espérons que non. La désobéissance civile non violente est-elle efficace ? Certains pensent que non. Au nom de sa liberté, chacun propose des solutions, mais l’addition des libertés de chacun n’est pas la somme d’un monde libre pour tous. D’après François Sureau, membre de l’Académie française : « On veut nous limiter la liberté pour de soi-disant bonnes raisons (santé, sécurité…). Il faut accepter d’être blessé, révolté par des opinions contraires aux nôtres, au prix d’un certain chaos, pour au final aboutir à une société plus juste. »
Écologie anxiété et économie anxiété ? On voit avec la crise actuelle l’émergence de l’économie anxiété. Va-t-on pouvoir payer son énergie et sa nourriture ? Avec la montée en gamme des produits alimentaires français, la ménagère remplit son panier de denrées importées moins chères. Le chantage de Poutine sur l’énergie et les céréales montre bien qu’il faut revenir vers une relocalisation. L’irrigation intelligente est un moyen d’y arriver à condition de ne pas arroser que du maïs. Une partie de cette écologie radicale devient une écologie antisystème (agro-industrie) et anticapital. Elle devient moins verte que rouge. Le rêve d’un retour à une multitude de petites fermes familiales relève d’une utopie de 1968. L’agriculture française doit rester plurielle et multiforme. Qui a raison ? L’avenir nous le dira.
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